Le rendez-vous est pris depuis des mois en boutique : aux beaux jours, nous rendrons visite à Laurent de Gumi Graines.
Nous attendions son feu vert pour pouvoir avoir la chance de voir Camille, Martin, Gabin et c’est la semaine dernière que Margaux et Andréa ont pu se rendre à Tilleul Dame-Agnès, dans l’Eure en Normandie, voir où et comment travaille Laurent de Gumi Graines.
Gros bonus : c’était la seule journée de soleil de la semaine !
Nous arrivons à destination et tout est encore bien humide.
Pour cause : les grosses pluies de ces derniers jours. La mare est presque au niveau de la route et certains champs sont gorgés d’eau, mais pas les terrains de Laurent.
Il nous explique avoir participé à une opération pas banale : Opération slip !
Mi-mars, avec des étudiants d’un lycée agricole, des slips en coton bio ont été enterrés afin de mesurer l’activité biologiques du sol.
Trois mois plus tard, le résultat est parlant :
Depuis 2011, Laurent a décidé de ne pas suivre le chemin traditionnel. Mais d’expérimenter, dans ses champs, une nouvelle façon de produire en s’appuyant sur ce que lui offre l’écosystème. Conscient du besoin de préserver les ressources naturelles, Laurent réintroduit de la diversité dans ses champs.
La première chose qui nous frappe en arrivant au pied d’un premier champs, c’est que nous n’avons pas le sentiment d’être devant un champ cultivé et parfait. Mais si vous savez, les champs hyper graphique ou tout est calibré, rien ne dépasse et rien ne pousse sauf la culture plantée.
Ici, des « mauvaises herbes », des insectes, mais surtout du vivant !
En vrai et de près, c’était tellement beau à voir !
Laurent nous explique qu’un épandeur ne sert pas forcément à épandre des intrants chimiques et nocifs : Il s’en sert pour éprendre de l’huile essentiel dans ses champs.
Huile essentielle, macération huileuse : Nous avons l’impression que Laurent parle des soins qu’il apporte à ses cultures comme de soins humains, des soins aux vivants.
Finalement c’est ça !
Au fur et à mesure que nous découvrons les différentes cultures, Laurent nous parle des différents obstacles qu’il rencontre : La météo pas toujours clémente, certains insectes ravageurs, le rendement : Lorsque qu’il envoi à son prestataire (qui décortique et sépare les bonnes, des « mauvaise » graines) 1 tonne de sarrasin, c’est 100kg qu’il récupère.
Pour les lentilles, afin d’avoir une portion dans notre assiette, c’est 0,5m2 qui sont cultivés.
(Autant vous dire que nous sommes dorénavant encore plus attentives à ne pas perdre une lentille durant le remplissage !)
Mais la nature fait aussi très bien les choses. Le sarrasin par exemple, est une plante allélopathique, ça veut dire qu’elle va empêcher la croissance d’autres organismes en sécrétant des substances chimiques nocives ou toxiques. Pas de panique, on ne risque rien …
D’ailleurs, Laurent fait analyser un échantillon de chaque lot de sa production une recherche sur 500 molécules afin de déterminer la présence de datura (plante toxique si ingérée en quantité et de manière répétée), mycotoxine (champignon) mais également afin de déterminer les valeurs nutritionnelles de ses produits.
Une analyse par lot, une parcelle = un lot, une analyse coûte entre 600 à 800€. Le tout à ses frais.
(On comprend mieux la différence de prix parfois constatée entre les légumineuses de Laurent et celles qui viennent de plus loin !)
Les coccinelles sont également d’une grande aide contre les pucerons. Nous en apercevons une, puis deux, trois, puis une colonie !
C’est plutôt inquiétant parce que ça signifie que des pucerons sont là, mais rassurant puisque les coccinelles arrivent en renfort.
Comme quoi la nature est bien faite … Si seulement on lui laisse le temps d’agir.
Laisser faire la nature ça veut aussi parfois dire avoir de mauvaise surprise : Cette année, la récolte de lentilles corail ne sera pas concluante pour Laurent. Des insectes ravageurs ont eu raison de Camille (la lentille). Heureusement il reste un peu de stock de l’an passé.
Pareil pour le lin. Les fortes pluies n’ont pas aidé.
Là encore, Laurent peut compter sur une rotation de stock.
D’ailleurs, à propos du lin : Laurent est engagé dans un collectif qui tente de faire revenir la filière du lin en Normandie.
Tissage, filature … Vous imaginez, de la graine au vêtement et tout ça : fabrication normande !
S’adapter aux aléas de dame Nature, se réinventer une manière de travailler en accord avec la biodiversité, être fidèle à ses principes et militer pour de chouettes projets, voilà quelques-unes des belles qualités que possède Laurent, de Gumi Graines, avec qui nous sommes fières de travailler !
Longue vie aux graines de folie
et plein de réussite pour tous tes projets Laurent !
